Le nouveau livre de Jace, Magik Gouzou, est un régal. Parce qu’il est rempli d’anecdotes percutantes, de jolies photographies, de véritables moments de vie. Aucun doute, l’artiste y a passé du temps, on est loin de ses sorties littéraires au but économique. On suit l’homme dans ses voyages, on découvre comment est né le Gouzou, personnage jaune sans visage devenu célèbre depuis. On comprend aussi son attachement à l’île de la Réunion, son île, dont il nous rend curieux.

La préface a été écrite par l’artiste Julien Malland, Seth : comment vous êtes-vous rencontrés ?
Il est un peu dans le creux de la vague en ce moment, il avait besoin d’un coup de main! Plus sérieusement Julien est un pote que j’apprécie vraiment. Il a un recul et une analyse très intéressante ainsi qu’une belle « plume ». Cela me semblait logique qu’il se charge de cette préface d’autant que c’est lui également qui m’a mis en relation avec les éditions Alternatives.
Comment avez-vous décidé de réaliser ce livre avec Fabienne Jonca et surtout, pourquoi maintenant ?
Fabienne est une copine qui me connait et me suit depuis longtemps (elle a acquis en cours de route quelques œuvres à moi). Elle a l’habitude d’écrire pour des éditeurs. Quand on m’a demandé à qui je pensais pour le texte, son nom m’est venu en premier.
Les éditions Alternatives m’ont proposé de faire ce livre, j’ai ensuite contacté Fabienne. C’est vrai que ça peut paraitre bizarre de le publier seulement maintenant. Mais pour le public qui me suit, j’en ai déjà sorti une dizaine (dont le premier en 1999) a compte d’auteur retraçant toutes les péripéties du gouzou au fil du temps. Pour les précédents, bien que j’en imprime en général 3000, la distribution restait centralisée sur la Réunion et un peu sur le Havre. Cette fois-ci je trouvais judicieux de développer l’audience en passant par une vraie maison d’édition .

Les photos viennent de votre stock personnel ?
Oui oui, je les ai sorties du coffre en Suisse spécialement pour l’occasion ! Il y en a juste deux ou trois qui ne sont pas de moi.
La couverture du livre est interactive comme votre art. Qui a eu l’idée ?
C’est moi ! En fait, cela faisait longtemps que je voulais faire ce type de couverture, et je n’en avais pas encore eu l’occasion. J’essaie d’apporter un petit gadget différent sur chacun de mes livres. Le seul regret est que l’on ait dû choisir entre une page de stickers insérés et cette couverture, faute de budget.
Le gouzou a un lien paradoxal avec l’autorité : il est sanctionné alors même que certaines gendarmeries en veulent dans leurs locaux…
Oui c’est vrai, mais je pense que c’est le lot de beaucoup d’entre nous actuellement (tout au moins ceux qui tâtent encore de la rue). On est toujours sur le fil du rasoir: reconnaissance du milieu de l’art mais en même temps pas d’autorisations pour peindre dans l’espace public, ça fait partie du jeu.

En général je m’en sors toujours avec une pirouette !! C’est assez schizophrénique en effet ! Mais malgré tout, je préfère cette situation à celle d’il y a 25/30 ans où une seule option m’était proposée…(NDLR : En avril 2017, pour fêter les 500 ans de la ville du Havre dont est natif l’artiste, Jace collabore en cachant cinquante Gouzous à travers toute la cité. Une chasse au succès incontestable. Cependant, quand il colle «votez Gouzou » sur les affiches municipales de Sainte-Adresse, petite commune à dix minutes du Havre, son maire s’insurge).
Ce livre est aussi un hymne à la Réunion. Votre fille a d’ailleurs contribué à sublimer l’île.
Oui c’est vrai, elle fait partie de mon quotidien, donc elle fait partie de mes histoires de peinture aussi ! Elle va bientôt quitter le nid familial, je ne sais pas si elle manquera à la Réunion, mais en tout cas elle va me manquer.

Je suis fier de pouvoir donner une image positive de cette île que j’affectionne énormément et qui me le rend bien ! (NDLR : Jace réalise une peinture au sol dans un parc de crocodiles où sa fille participe à des ateliers de cirque, il redonne également de la couleur à un arrêt de bus devant lequel il passe fréquemment pour emmener sa fille au collège…)
Vous aviez prévu d’aller à Tchernobyl cette année, une envie vieille de 20 ans. Projet fait ?
Non malheureusement ! J’attends mon poto cité en début de cette interview pour aller me faire contaminer : Julien, si tu m’entends …
Pourquoi ce projet Madakao ? Vous dites qu’il vous a fait du bien.
Bien sûr que ça fait du bien de se retrouver confronté à une population qui ne possède pratiquement rien et qui a tout à vous offrir, en commençant par le sourire matinal : une belle leçon d’humilité et de vie ! Et puis ce projet sur voile était insolite à l’époque, je vois que depuis cela en a inspiré plus d’un. Ca devient à la mode ces derniers mois…
Un mot sur l’Usine à Gouzou créée en 2016

Partage, si je ne dois dire qu’un mot. ◊
Jace, Magik Gouzou
par Fabienne Jonca
Editions alternatives
Paru le 11 octobre 2017
30 euros
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