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Matière noire, l’exposition XXL de Borondo au cœur des Puces de Marseille

Borondo investit le Marché aux Puces de Marseille pour créer sa plus grande exposition actuelle.

L’artiste espagnol Gonzalo Borondo propose une exposition labyrinthe en plein cœur du Marché aux Puces marseillais : on adore !

Le bus nous dépose à quelques mètres du Marché aux Puces marseillais. Les vendeurs de cigarettes à la sauvette tendent leur paquet, phrases mal articulées prononcées si rapidement qu’on croirait un songe : «Cigarettes, cigarettes». Un peu plus loin, les draps dépliés à même le sol proposent une quantité d’objets, déballage en tout genre. Ça sent le maïs grillé, la fumée pénètre dans les poumons, on joue des coudes pour se frayer un chemin. Devant nous, un hangar, la Halle des Antiquaires, entouré de boutiques et d’un gigantesque parking.

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La fiction dépasse la réalité, Act II ©Streep.fr

 

Sa devanture noire est transformée à coup de peinture blanche, en cathédrale imposante. A l’entrée, un bistrot sert cafés et plats en une énergie sans prétention. Ses vitres portent les lettres de l’exposition, Matière noire. L’artiste Gonzalo Borondo a passé trois mois ici, au cœur du marché, pour créer cette expérience, véritable labyrinthe sensoriel partagé en trois actes : projection, perception et création. Une exposition pour mettre nos repères en danger, volontairement désorientés. Accepter l’irrationnel, s’en amuser. La matière noire, cette composante invisible et indétectable, n’est pas encore nettement définie par nos chercheurs.

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Borondo, Réflexion Act I ©Streep.fr

Nous allons déambuler entre les espaces des marchands, tous revisités. Il fait sombre, nos sens aux aguets. Ne faut pas trop révéler la beauté de cette exposition, laisser au visiteur imaginer les surprises. On se plaît à regarder partout, ici la gravité n’est pas toujours la même. Souvenir d’un conte écrit par l’écrivain anglais Roahl Dahl (1916-1990), Les deux gredins, où les protagonistes se retrouvent au plafond.

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Mirror I, Act II, – Collaboration avec Carmen Main ©Streep.fr

L’atmosphère du lieu prête à l’évaporation des pensées. Elles s’échappent pour nous rappeler des souvenirs ou des sentiments particuliers. Un disque tourne seul sur une platine, l’aiguille étant remplacée par un micro. Dans une malle, une photo de jeune fille se fond parmi des cadres abimés. Impression d’avoir déniché quelque chose, comme un secret enfoui : qui est cette enfant, que fait-elle perdu dans ces encadrements ? A côté, des clichés s’illuminent, un homme disparaît sous d’autres traits. Ailleurs, ce sont les traces de visages imprégnés dans des passoires, qui se reflètent sur un mur noir. Et toujours cet extrait, quelques notes musicales qui passent en boucles, insistantes, comme un enregistrement rayé.

Passage du temps, illusion, absence autant de thèmes évoqués dans cette exposition. Nos yeux croiseront plusieurs fois les petites figurines en béton de l’artiste espagnol Isaac Cordal souvent enfermées solitaires dans des cages, comme contrôlées. Quand elles se découvrent groupées, elles dégagent un fort sentiment d’endoctrinement, inquiétant, l’impuissance fait légion.

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Isaac Cordal, Act III ©Streep.fr

Nous reviennent les paroles du groupe Debout sur le Zinc et son titre Des singes et des moutons, tiré de l’album éponyme en 2004. « Je souris quand on me tond, je singe les moutons, je regrette le temps doux des questions sans dessus ni fond. »

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Isaac Cordal, Act III ©Streep.fr

Borondo a multiplié les collaborations artistiques pour donner naissance à un évènement réussi où l’univers des antiquaires se prête idéalement à sa poésie créative.

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Déjà vu I, Act II, avec Carmen Main ©Streep.fr

Dehors, le marché s’est dissipé, au bistrot, on sert un coca à un nouveau marchand, les présentations sont en cours. La danse des vendeurs de cigarettes continue, le bus vient de passer, il faudra attendre le prochain. Marseille, ville inimitable, aimée ou détestée, énergique, créative et rebelle. Elle a su séduire l’artiste espagnol et lui communiquer sa douce folie productive. ◊

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Wunderkammern, avec Carmen Main, Robberto Atzori et Edoardo Tresoldi, Act III ©Streep.fr

Commissaire d’exposition : Carmen Main
Artistes : BRBR Films, Carmen Main, Diego López Bueno, Edoardo Tresoldi, Isaac Cordal, Robberto Atzori, Sbagliato, Momo lui Même and A. L. Crego

Matière Noire
A Gonzalo Borondo Exhibition
Jusqu’au 31 Janvier 2018
Marché aux Puces
Halle des Antiquaires
130 Chemin de la Madrague
Marseille
Entrée gratuite
Du Jeudi au Samedi 10-17h
Dimanche 10-13h

gonzaloborondo.com

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