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Le Caravage investit les rues de Rome grâce au street artiste Andrea Ravo Mattoni

Cinq siècles après l'avènement de sa renommée, Le Caravage revit sur les murs de la capitale romaine. Une prouesse signée Andrea Ravo Mattoni, son compatriote et homologue street artistique.

Cinq siècles après l’avènement de sa renommée, le peintre et génie du baroque italien revit sur les murs de la capitale romaine. Une prouesse signée Andrea Ravo Mattoni, son compatriote et homologue street artistique.

«Il était tellement méticuleux, et un imitateur de la nature si ingénieux que ce que les autres peintres promettaient de faire, lui le faisait» disait l’écrivain et poète italien Girolamo Borsieri (1588-1629) au sujet du peintre milanais Caravaggio (1571-1610). Une citation qui pourrait tout aussi bien s’appliquer à Andrea Ravo Mattoni dont l’ambition n’a d’égal que le talent.

Du 10 au 20 novembre 2017, ce natif de Varèse et fondateur de groupement artistique The Bag Art Factory s’est en effet attelé à un titanesque défi : reproduire un célèbre tableau baroque du Caravage réalisé en 1607 et conservé à Naples (Italie) : ‘Sette opere di Misericordia’ (‘Les Sept Œuvres de Miséricorde’ en français dans le texte).

Une fresque réalisée sur la façade du centre hospitalier universitaire Gemelli de Rome – où fut soigné le pape Jean-Paul II – qui a nécessité huit à neuf heures de travail par jour, perché sur une plateforme à une dizaine de mètres du sol. Et la performance est époustouflante de ressemblance ! Des clair-obscurs naturalistes aux visages ténébreux des personnages, Andrea n’a omis aucun détail de son modèle, l’imitant à la perfection. Comment ? «Pour obtenir un résultat au plus proche de l’original, j’essaie de comprendre et d’entrer pleinement dans la tête et la technique du peintre», nous explique-t-il. Il faut dire qu’en fils et petit-fils d’illustrateurs, il baigne dans le domaine de l’art depuis son enfance.

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Centre hospitalier universitaire Gemelli, Rome, Décembre 2017 ©Andrea Ravo Mattoni

Son œuvre, elle, sera inaugurée le 13 décembre prochain, en présence de la direction des musées du Vatican.

Le mariage heureux de l’«arte di strada» et de la «pittura classica»  

Cette reconnaissance des institutions muséales réjouit particulièrement Andrea Ravo Mattoni. Comme nous le confiait cet amoureux de la peinture à l’huile et de l’aérosol sorti de l’Académie Brera des Beaux-Arts de Milan après 20 années de graffiti, l’association de ces deux mondes se trouve à la base de son projet. Lancé en avril 2016 et intitulé «une récupération du classique dans le monde contemporain», celui-ci entend «créer une fusion, un pont entre les arts».

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©Andrea Ravo Mattoni

Un peu à l’image de l’entreprise de son confrère Marco Battaglini ou de celle du français Julien de Casabianca avec son Outings Project. (NDRL : Julien de Casabianca, photographie dans les musées des détails d’œuvres anonymes ou très peu connues puis les colle dans les rues du monde entier : site internet  . L’italien Marco Battaglini mélange l’univers du street art ou de la culture pop avec celui de la peinture classique : site internet)

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©Andrea Ravo Mattoni

Il est surtout primordial de « donner une nouvelle énergie au genre classique, à la base de l’esthétique qui a forgé notre société moderne, la photographie, le cinéma et même la mode », ajoute Andrea. En somme, permettre aux gens, habitués des musées ou non, de redécouvrir les plus beaux chefs-d’œuvre du passé jusqu’à présent confinés aux salles des galeries. Sans pour autant oublier de rappeler l’importance de ces dernières. Pour preuve : Andrea prend soin de toujours mentionner le musée où l’œuvre originale se trouve au bas de sa fresque, que ce soit pour ‘La Nativité’ ou ‘Le repos pendant la fuite en Égypte’ du Caravage.

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« Natività con i santi Lorenzo e Francesco d’Assisi » Caravaggio, San Salvatore di Fitalia (Messina), Décembre 2016 ©Andrea Ravo Mattoni

Le Caravage : une préférence qui ne doit rien au hasard

Si l’ouverture d’un dialogue avec les institutions est une intention chère au cœur d’Andrea Ravo Mattoni, amorcer un dialogue avec l’espace qu’il investit en est une autre. « Chaque peintre et chaque œuvre choisis ont un lien précis avec le territoire où ils s’inscrivent », confirme l’artiste. Rome fut ainsi un lieu marquant dans la carrière du milanais Caravage, le témoin de ses premiers grands succès.

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©Andrea Ravo Mattoni

Quant au choix des ‘Sept Oeuvres de Miséricorde’, représentant les actions de bien définies par le dogme chrétien telles l’aide aux plus démunis et la visite aux malades, on saisit d’emblée son lien avec l’hôpital.

Toutes ces conditions ne suffiraient cependant pas si un pré-requis fondamental n’était pas rempli par l’endroit : « que le mur soit accessible gratuitement au plus large public possible », souligne Andrea. Raccord avec ‘Sept Oeuvres de Miséricorde » de par sa générosité.

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©Andrea Ravo Mattoni

Une actu qui va crescendo

Après l’inauguration de cette impressionnante fresque romaine mi-décembre, n’allez pas croire qu’Andrea Ravo Mattoni raccrochera ses pinceaux et ses sprays. Pour lui, la nouvelle année sera riche en projets puisqu’il participera à plusieurs festivals de street art en Italie et dans toute l’Europe. Néanmoins, si le voyage chez nos voisins transalpins vous paraît compliqué, sachez qu’Andrea prendra part à trois projets parisiens dont certains en collaboration avec le musée du Louvre. Il participera également à une exposition dans la ville de Bordeaux.

©Andrea Ravo Mattoni

Toutefois, si l’attente est trop longue jusqu’à 2018, vous pouvez d’ores et déjà admirer le double de la ‘Jeune orpheline au cimetière’ du peintre romantique français Eugène Delacroix (1798-1863), réalisée par Andrea au sein d’ART42, le fameux « musée de street art » de Paris, en octobre dernier. Bellissima ! ◊

Clotilde Gaillard pour Streep.fr

Inauguration des ‘Sept Oeuvres de Miséricorde’ par Andrea Ravo Mattoni, d’après Le Caravage
Mercredi 13 décembre 2017
Hôpital Gemelli, Largo Agostino Gemelli, 8, 00168 Roma RM, Italie
andrearavomattoni.com

 

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