Connu dans le monde entier pour ses œuvres XXL entre graffiti, art optique, cinétique et abstraction géométrique, Felipe Pantone s’est une fois de plus surpassé. Avec Afterimage, sa nouvelle exposition, l’artiste va au-delà d’une norme attendue, du rationnel.
Le train arrive en gare de Zurich, jolie ville suisse dont les toits sont recouverts de givre. L’atmosphère y est paisible, la taille de la cité ne semble pas avoir pris le dessus sur le civisme des habitants. Le voyageur est accueilli par un petit marché de Noël, au sein même de la station. Ça sent les épices, le vin chaud, les odeurs que l’on aime associer au mois de décembre. C’est ici que l’artiste argentin Felipe Pantone (né en 1983), présente sa nouvelle exposition : Afterimage.

La porte de la Kolly Gallery, située au cœur de la ville, s’ouvre sur un espace d’une blancheur saisissante, relevant la beauté des toiles de l’artiste argentin. Au sol, des traits noirs créent un mouvement et un contraste dont on ne saisit pas encore le sens. Un peu de patience.
Les toiles de Pantone retiennent l’œil, qu’il sollicite et épuise par des effets d’optique volontairement asphyxiant mais dont on peine à se dégager tant l’emprise est forte. Des compositions dynamiques entre jeux de couleurs vives et lumière, dispersion et recomposition.

Des œuvres vivantes qui aspirent, nous propulsent quelques minutes ailleurs, loin, dans un monde où la notion de mouvement n’est plus le même : est-ce nous ou la toile qui avançons ? Tout n’est peut-être qu’immobilisme. Pourtant ce mouvement provoqué par notre vision est bien là. Troublant.
« The digital space is real, there is definitely more behind the curtain than what we see. » Felipe Pantone
Pantone, le nom d’un nuancier universel aux 999 codes de couleurs, joue de nos convictions, notre conformisme. Les œuvres accrochées au mur, déroutantes, réservent une autre surprise. Elles ne sont pas seules, entourées d’autres tableaux, se laissant admirer grâce à de la réalité virtuelle. Étrange nom puisqu’on ne pourra pas les toucher, juste les regarder, tourner autour d’eux, au moyen d’une application. Les flèches noires déposées au sol, comme un repère au champ des possibles.

L’artiste considère les espaces numériques, réels. Il mélange ainsi subtilement deux sortes de visible. Ce que l’œil perçoit directement et ce qu’il peut appréhender si on l’aide à le faire. Ou les limites de notre humanité face à la science.
On comprend mieux le nom donné à cette exposition, Afterimage, comme si l’image continuait au delà de l’exposition, d’une donnée temps, propre à l’homme.
Un travail artistique qui interroge intelligemment sur nos perceptions, nos repères fragiles, dans un monde de plus en plus rapide. ◊

Felipe Pantone
Solo Show
Afterimage
Jusqu’au 6 janvier 2018
Kolly Gallery
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