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Qui est Anthony Roth ?

Anthony Roth a ouvert sa galerie l’année dernière, en plein cœur de Paris. Son corps recouvert de dessins dont il laisse la liberté créative au choix du tatoueur, est à l’image de son tempérament : entre découverte artistique et esprit collectionneur. Samedi 17 mars, il propose une exposition avec l’artiste d’origine grecque Iorgos Pavlopoulos.

Anthony Roth a ouvert sa galerie l’année dernière, en plein cœur de Paris. Son corps recouvert de dessins dont il laisse la liberté créative au choix du tatoueur, est à l’image de son tempérament : entre découverte artistique et esprit collectionneur. Samedi 17 mars, il propose une exposition avec l’artiste d’origine grecque Iorgos Pavlopoulos.

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Anthony Roth, perdu dans ses songes ©Streep

Un début de semaine dans un café parisien encore à la mode. Le lieu bruyant est occupé de serveurs trop pressés, la faute au succès, sans doute venu un peu tôt, un peu vite, justifié surtout par un emplacement attrayant. Anthony, assis sur une table ronde, fixe un point à l’horizon. Le garçon de 27 ans se perd dans ses songes, regard doux, lointain.

Peut-être pense-t-il à son vernissage, dans quelques jours maintenant. Il replace ses cheveux machinalement, geste flou pour un rendu identique. Un grand garçon élancé lui prend sa commande, en s’excusant du temps qu’il mettra à servir, un groupe accaparant le bar. Etrange. Anthony, lyonnais d’origine, n’est pas du genre impatient. Il construit sa vie étape par étape, passant de Lyon aux Antilles puis Montpellier jusqu’à l’ouverture de cette galerie du 3 ème arrondissement parisien, une providence dont il est fier.

Tu as l’air d’avoir beaucoup voyagé ?

J’ai eu un parcours assez particulier. J’ai vécu pendant treize ans à Lyon où ma famille est encore. Puis ma mère a souhaité partir aux Antilles pour des raisons personnelles. J’ai donc habité cinq ans sur l’île de Saint Martin. Des bons souvenirs même si la culture me manquait. Le retour en France s’est fait à Saint-Raphaël. Je n’ai pas été sensible à cette ville et ai décidé de me rendre à Montpellier pour réaliser mes études de droit des affaires. Je me suis mis en tête d’être commissaire-priseur. Pour cette raison, je suis monté à Paris et ai fait un stage dans la galerie Ange Basso (Paris 6) où j’ai rencontré de nombreux artistes. Mais je ne souhaitais pas faire d’inventaire ou tenir le marteau, ayant une vision erronée de cette profession : littéraire et passionnelle.

J’ai terminé mes études l’année dernière, un master 2 d’histoire de l’art. Quatre jours plus tard, je lançais mon premier vernissage.

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©Streep

 

Comment as–tu découvert et obtenu cette galerie parisienne ?

Un ami disposait de ce local. Nous avons convenu d’un arrangement ensemble. Il m’a demandé de rénover un appartement parisien qui lui appartenait et en contrepartie, me louait sa galerie. Ce n’était pas très amusant de réaliser ces travaux car je ne savais absolument rien faire ! Mais le jeu en valait la peine. Ce local de 120 m2 est incroyable, neuf et tellement central ! J’adore sa voûte, l’escalier en verre.

Je ne souhaite pas faire seulement du business, mais sentir un feeling. Peu importe la cote de l’artiste. On m’a déjà reproché cette attitude, tant pis.

Tu as énormément de tatouages sur toi !

Il y a beaucoup de ponts entre le graffiti et le tatouage. C’est un art qui m’a toujours passionné. J’aime exposer, collectionner. Je suis fan de l’auteur italien Hugo Pratt (1927-1995) par exemple. Le tatouage s’ajoute à cette logique. Je collectionne les œuvres de ces artistes, mais directement sur la peau. Il m’est arrivé d’aller à l’étranger pour me faire un dessin.

J’ai un condor maya sur le bras droit, je suis fan de cette culture. C’est un oiseau sacré pour les Incas. Également un Moby Dick avec un bateau à vapeur. Mon cou abrite un tribal, mon premier, j’avais 18 ans. Une sorte de rituel d’émancipation : je quittais ma mère pour voler de mes propres ailes. Un tigre réalisé par le parisien Romain Pareja et une ampoule dessinée par l’artiste belge Léa Nahon remplissent mon torse.

Ce qui m’inquiète est de savoir ce que je ferai quand mon corps sera totalement recouvert de tatouages.

Explique-nous ta nouvelle exposition ?

L’artiste d’origine grecque Iorgos Pavlopoulos passait souvent à la galerie Ange Basso où j’effectuais mon stage de fin d’études. Nous nous sommes bien entendus. Il a réalisé onze toiles pour cette exposition, sa première ! Je n’impose jamais de thème, nous travaillons ensemble en réfléchissant à un sujet, c’est un échange. Iorgos a évolué dans une ambiance punk et de skateurs. J’adore son travail, ses visuels, les matériaux qu’il utilise. Comme le pochoir pour ses lettrages mais aussi de l’alcool à brûler, de l’encre de Chine. Il a un univers musical underground avec des inspirations byzantines de par ses origines grecques.

L’événement s’appelle Hysteria en référence à l’album du groupe britannique Def Leppard (sorti en 1987), un mélange de heavy métal et hard rock. Ses nouvelles toiles ont aussi un côté années 80 avec des néons aux couleurs vives, très identifiables à cette période.

''Hysteria''115 X 250
Hysteria, 115 X 250,

Que veux-tu que les gens retiennent de ton exposition ?

D’abord qu’ils aient envie de rentrer dans mon lieu, qu’ils franchissent la porte.

On sait la réputation que peuvent avoir les galeries dans l’esprit de certaines personnes : un endroit froid ou intimidant. J’aimerais casser ça. Je ne ferais pas de l’art contemporain endormant, je veux que ça bouge, que ce soit compréhensible.

Le travail de Iorgos Pavlopoulos est lumineux, accessible. Il mérite d’être vu, je souhaite que les visiteurs s’en rendent compte.

Le serveur dépose bruyamment l’addition, il faut payer, son service est terminé. Ce dernier, long et sec, pratique le sport à haute dose, livrant beaucoup d’informations, pas forcément nécessaires, déroutantes. Anthony est reparti dans ses pensées, n’écoutant que d’une oreille distraite le programme d’esthète du garçon. Tout à l’heure, il se lèvera précipitamment pour aller saluer un de ses amis, rencontré fortuitement. Les deux hommes prendront place sur la table ronde, un serveur joyeux pour les accueillir. La discussion reprendra, riche. Bien sûr il sera question d’Hysteria, une exposition à aller voir pour la démarche de l’artiste Iorgos Pavlopoulos, défendue par Anthony.

Et puis, on apprécie toujours quand Paris nous offre de nouveaux lieux culturels ! ◊

Iorgos Pavlopoulos
Hysteria
Vernissage le 17 mars de 18 à 21 heures
Jusqu’au 8 avril

Anthony Roth
Art contemporain
11 rue Chapon
75003 Paris
https://www.facebook.com/AnthonyRothArtContemporain/

 

 

1 comment on “Qui est Anthony Roth ?

  1. Très bel article qui m’a permis de connaitre cette nouvelle galerie **

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