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Issue d’une famille d’encadreurs, Vincent Tiercin se démarque

Le 27 avril, Vincent Tiercin, 31 ans, galeriste issu d’une génération d’encadreurs, proposera un duo show autour des artistes français Wide et Goddog.

Si Vincent Tiercin, 31 ans, est issu d’une génération d’encadreurs, il s’affirme en devenant également galeriste. Le 27 avril, commence son duo show autour des artistes français Wide et Goddog.

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G à D : Goddog, Vincent et Wide ©Streep

Dans le fond du bar, on devine une silhouette masculine. Un verre à moitié consommé laisse penser qu’elle ne vient pas d’arriver. L’homme termine une conversation téléphonique d’une voix posée, telle que l’on s’est fait de sa personne.

Quel a été ton parcours ?

« J’ai obtenu un bac professionnel en ébénisterie d’art puis je suis parti à Saint-Luc de Tournai, une école artistique à la frontière belge où j’ai exercé une année en créations mobilières. J’ai continué dans cette même école en formation Design objet, pendant deux ans avant de vouloir entrer dans le monde du travail.

Mon père me prend en stage chez lui, dans sa boutique d’encadrement de tableaux située à Dijon. Les grandes maisons d’encadrements parisiennes me permettent ensuite de parfaire mon parcours. En 2009, je découvre l’artiste Romain Froquet à l’Arrière-boutique, un espace d’exposition du collectif d’artistes 9e Concept. Ce sont eux qui vont me mettre en relation avec Boesner, magasins de matériel artistique, en tant que chef d’atelier. J’avais 24 ans. Trois ans plus tard, je suis embauché dans une maison d’encadrement parisienne. Ces expériences me stimulent pour monter ma propre structure.

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Vincent, devant sa boutique L’Encadreur, Paris 13 ©Vincent Tiercin

Comment en es-tu venu à ouvrir ta boutique et ta galerie ?

Pour la boutique, je dois la découverte à mon père. Il se promenait dans le 13 ème arrondissement quand il aperçoit à travers la vitre d’une boutique, un homme réalisant de la marqueterie d’étain sur des objets en verre. Ce dernier allait partir en retraite. Un véritable concours de circonstance. Le lendemain, nous signions les papiers.

En ce qui concerne la galerie, la mairie du 13 ème est venue me chercher il y a un an et demi. J’ai tout de suite aimé ce lieu avec ce mélange de béton, bois et verre. Et puis il y avait cette structure centrale formant la première lettre de mon prénom, un signe ! Je suis épaulé par quelqu’un de très complémentaire, Julie Guinamant. Il y a une véritable alchimie professionnelle entre nous, c’est important pour évoluer.

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Extérieur de la galerie Art&Craft ©Streep

Ton père a l’air de beaucoup te soutenir ?

C’est certain, il m’a mis dans ce milieu là. J’ai d’ailleurs des souvenirs d’enfance incroyables. Il m’emmenait dans des ateliers artistiques dès mes sept ans. Je me souviens très bien du premier : un artiste qui fumait énormément, il y avait des tableaux partout et quasiment pas de meubles autour de lui. Très marquant ! Mon père est à la retraite maintenant et je n’ai pas souhaité reprendre son magasin d’encadrement.

Pourquoi n’as-tu pas voulu récupérer la boutique familiale ?

Évidemment mon père me l’a proposé et aurait certainement aimé.

Je ne souhaitais pas marcher dans ses pas ou ceux de mon grand-père et de mon oncle, eux-mêmes encadreurs de tableaux. Je pense que cela nous a évité beaucoup de stress mutuel.

Je suis heureux d’exercer ces deux métiers comme je l’entends, même si ce n’est pas toujours évident. Mais j’ai besoin de ça pour vivre, me stimuler.

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Goddog, sculpture, 2018 ©Streep

Pourquoi avoir appelé ta galerie Art&Craft ?

Art & Craft était un mouvement artistique de la fin du XIX ème siècle, mêlant l’art et l’artisanat. Cela me ressemblait bien.

NDLR : le mouvement artistique Arts et artisanats, 1861-1915, est né en Angleterre. Il réhabilite le travail manuel et donne une place intime mais large à l’art. On doit pouvoir le retrouver chez soi, sur nos objets courants. Il peut être rapproché du mouvement Art Nouveau en France – 1890-1910.

Comment choisis-tu tes expositions ?

Elles proviennent toujours de rencontres humaines, de sensibilités communes. Je ne fonctionne que comme ça. J’ai déjà refusé des expositions parce que je ne m’entendais pas assez avec l’artiste. Évidemment, il y a des moments durs, des doutes. De mon côté c’est assez particulier, si je coule ma galerie, je coule aussi mon magasin d’encadrement.

Je fais ce métier comme un chemin de vie et non pas comme une opportunité à saisir.

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Goddog et Wide, 2018 ©Streep

Peux-tu nous parler de ton nouvel événement, Interstice ?

Il réunit l’artiste breton Edwin Donnart alias Wide et Damien Mauro alias Goddog, artiste avignonnais. Ce sera une découverte, ils n’ont pas encore exposé sur Paris : nous connaissons leur travail sur le plan mural, moins sur toile. Ils ont eu une liberté totale, je n’impose jamais de thème, c’est plus un échange. Jusqu’au titre de l’exposition, Interstice, comme des lignes qui se croisent. Droites pour l’un, courbées pour l’autre.  »

Une dualité commune qui promet d’être intéressante. Vincent regarde sa montre, il est déjà en retard, des livraisons à honorer. Sa silhouette se fond dans l’opacité du bar, éclairée par la lumière naturelle, faible à cette heure de la journée. Interstice risque de nous surprendre par ce choix artistique approché, ces couleurs assemblées et sa philosophie recherchée : des lignes gracieuses ou contraires et toujours essences du monde. ◊

Wide & Goddog
Duo Show Interstice
Du 27 avril au 26 mai
Art&Craft
Galerie moderne et contemporain
32 Boulevard du général d’armée Jean Simon
75013 Paris
01 58 89 05 56

L’Encadreur
103 Rue du Chevaleret,
75013 Paris
galerie Art&Craft
L’Encadreur

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