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Une fresque de Blek le rat effacée pour plaire à Amazon : ce qu’il en pense…

En mars dernier, la mairie de Chicago a fait nettoyer les murs de plusieurs bâtiments de Lincoln Yards. Faisant ainsi disparaître de nombreuses productions d'art urbain, dont un célèbre pochoir du français Blek le rat. Nous lui avons demandé son opinion.

En mars dernier, la mairie de Chicago a fait nettoyer les murs de plusieurs bâtiments de Lincoln Yards. Faisant ainsi disparaître de nombreuses productions d’art urbain, dont un célèbre pochoir du français Blek le rat. Nous lui avons demandé son opinion.

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King of Chicago, Lincoln Yards, 2017 © Sybille Prou

Le street art est un art éphémère et les fresques naissent aussi régulièrement qu’elles disparaissent. C’est un fait avéré dont on s’accommode sans soucis. Sauf quand le recouvrement d’une œuvre est dicté par une complaisance à l’égard des puissants.

Tout a débuté lorsque le géant de la vente par internet Amazon a jeté son dévolu sur un édifice en briques dans la troisième ville des États-Unis pour en faire son nouveau siège administratif. Trop heureuse à l’idée d’accueillir le mastodonte du e-commerce, la ville de Chicago a donc pris l’initiative, le mois dernier, de lancer dans le secteur de Lincoln Yards une opération d’assainissement pour rendre ses façades les plus attrayantes possibles. Oubliant qu’une cité n’est jamais plus belle qu’égayée de créations visuelles…

Malheureusement, dans leur frénésie épuratrice, les services de la voirie ont effacé une fresque connue et réputée dans le quartier : The King, un pochoir de 2,40 x 1,50 mètres réalisé par notre pochoiriste parisien Blek le rat. «Je l’avais fait à l’occasion d’une exposition à la Vertical Gallery il y a un an», nous raconte l’artiste. Lui qui a appris la nouvelle par le biais du web, en lisant les rares médias ayant abordé le sujet, a toujours du mal à comprendre pourquoi son oeuvre a été enlevée.

«Elle n’avait rien de problématique : c’était le portrait d’un graffeur en train de dessiner une couronne, clin d’oeil aux signatures des street artistes locaux», explique Blek le rat.  Elle était appréciée et nous avions obtenu l’autorisation du propriétaire du bâtiment et des institutions. Je pensais donc qu’elle resterait plus longtemps que cela…», ajoute-t-il.

Malgré une déception légèrement teintée d’agacement – «Je n’avais pas démérité à réaliser The King dans le froid, c’était un petit bout de moi laissé là-bas», se souvient Blek –, l’artiste se montre philosophe. « Bien sûr je préférerais que les œuvres restent car elles sont le fruit d’un labeur mais je ne peux pas lutter contre les décisions administratives de ne pas polluer le champ visuel d’Amazon. C’est un peu David contre Goliath car finalement, même si on travaille légalement, cela n’empêche pas de voir ses créations dégradées», se résigne Blek le rat. Qui affirme également : «Tous les artistes que je connais ont eu au moins une œuvre effacée».

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King of Chicago, Lincoln Yards, 2017 © Sybille Prou

Quant à l’aspect involontaire de cette purge artistique dont se défend sur Twitter l’échevin de Chicago, Brian K. Hopkins, Blek le rat en doute un peu. «Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la mairie a une politique anti-graffiti rigoureuse. On peut par exemple se faire embêter lorsqu’on transporte des bombes de peinture dans son sac.», souligne l’artiste.

Pas rancunier, Blek le Rat retournera quand même à Chicago l’année prochaine pour y apposer à nouveau sa patte, «peut-être au même endroit !», s’enthousiasme-t-il. Un projet parmi tant d’autres puisque Blek, rat des villes, sera à San Francisco fin avril. Puis à Florence, en mai, pour décorer un hôtel avec des artistes britanniques. ◊

Clotilde Gaillard pour Streep

Lincoln Yards
Chicago
Etats-Unis

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