Des visages allongés aux longs cous habitent depuis quelques temps nos rues citadines. Le trait noir de leur contour géométrique attire l’œil, émotion instantanée. Son auteur, l’artiste italien Alo, parle d’expressionnisme urbain. Rencontre.

L’artiste urbain Alo se fait d’abord remarquer en Italie, sa ville natale puis Londres, qu’il habille de figures longilignes proches de l’expressionnisme, nées de formes géométriques déstructurées. Ce courant artistique du début du 20 ème siècle cherche avant tout à provoquer une réaction, quitte à s’éloigner de la réalité. On comprend aisément le lien avec la peinture instinctive d’Alo, véritable attrape-cœur.
Surprise heureuse de le retrouver quelques années plus tard dans nos rues parisiennes.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Alo, je suis né en Italie. Cela fait sept ans que je réside à Londres et depuis peu entre Paris et l’Angleterre. Il y a maintenant douze ans que j’utilise une technique à l’huile traditionnelle, que j’ai beaucoup adaptée au fur et à mesure des années.
Il y a environ six ans, j’ai commencé à peindre dehors, sur les murs des villes. J’employais le même procédé que celui utilisé pour mes peintures d’intérieur : pinceaux, acrylique et marqueurs.

Comment en es-tu venu à l’art dans la rue ?
J’ai commencé à Londres puis Paris, New-York et Berlin. J’aime l’idée de pouvoir apporter mon art, mes idées artistiques dans les villes et ce, de façon totalement gratuite. Le mur devient en quelque sorte une toile accessible à tous. Et puis, il vaut mieux avoir des peintures urbaines plutôt que de la publicité, non ?
Peux-tu expliquer de quelle façon tu travailles ? As-tu des rituels, es-tu dans l’instantané ?
Quand je peins dans mon studio, le travail est généralement plus ouvert, il évolue au fur et à mesure de mes envies. Dans la rue, je calcule beaucoup plus ce que je vais faire, car j’ai besoin d’aller vite. Je dois donc connaître exactement le résultat final.
Te souviens-tu d’un moment un peu compliqué que tu as eu en travaillant dans la rue ?
Il m’est arrivé plusieurs fois d’avoir des soucis avec la police. C’était à chaque fois à Londres et à Paris. Mais cela fait partie du jeu.
Un sujet sur lequel tu pourrais parler des heures ?
Tout ce qui touche à la vie, un vaste sujet.
Ta dernière grande déception ?
Il y en a tellement…
Ta dernière grande satisfaction ?
Lorsque je peins, je suis vraiment le plus heureux des hommes.
Quelque chose que tu trouves aberrant ?
La façon dont le monde de l’art est géré.
Une personnalité que tu adores et pourquoi ?
J’adore le poète français Arthur Rimbaud (1854-1891), parce qu’on a l’impression qu’il a compris quelque chose sur notre existence. Alors même que pour la majorité d’entre nous, la vie est un grand mystère.

As-tu déjà été influencé dans ton art ?
Oui et par beaucoup de peintres : l’espagnol Picasso (1881-1973), le français Matisse (1869-1954), le bavarois Kirchner (1880-1938) et de façon plus générale les expressionnistes.
Mes influences sont même bien plus grandes, je citais tout à l’heure le poète Rimbaud. Il y a beaucoup d’écrivains qui me permettent d’être inspiré. L’art n’est pas quelque chose de divisé mais bien au contraire, de très connecté. Je suis persuadé que différents types d’art peuvent s’influencer mutuellement.
NDLR : L’expressionnisme est un courant artistique né en Europe du nord au début du 20 ème siècle.
Une personnalité décédée que tu aurais adoré rencontrer et pourquoi ?
Évidemment, j’aimerais rencontrer un des artistes énumérés. Mais dans le fond, je crois que cela ne me plairait pas vraiment. C’est agréable de correspondre avec eux au travers de leur art.
Ta chanson du moment ?
Les sabots d’Hélène du sétois George Brassens (1921-1981). J’ai connu cette chanson par l’intermédiaire de l’auteur compositeur italien Fabrizio De Andre (1940-1999). Il en a traduit plusieurs que j’ai adorées. C’est comme ça que j’ai commencé à écouter Brassens.
NDLR : Georges Brassens écrit en 1954 Les sabots d’Hélène. Cette chanson lui servira de nom pour le titre de son troisième album, sorti en 1955.
Ton film culte et pourquoi ?
La Grande Bellezza du réalisateur italien Paolo Sorrentino. C’est un magnifique portrait de la vie, très intelligent.

NDLR : La Grande Bellezza est une comédie dramatique italienne réalisée par le napolitain Paolo Sorrentino en 2013. Le film obtiendra l’Oscar du meilleur film en langue étrangère aux Oscars de 2014. Il raconte l’histoire d’un écrivain romain de 65 ans qui se laisse porter au gré des évènements mondains, joies de la vie avec une question récurrente : la beauté ultime existe-t-elle ?
Tes prochains projets ?
Continuer à peindre en atelier et dans la rue ! ◊
Alo
Site d’Alo
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