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Comment le street art a changé le quartier le plus dangereux du Portugal

Situé dans la région nord de Lisbonne, le festival de street art Lourès Arte Publica a réussi à s’imposer rapidement.

Situé dans la région nord de Lisbonne, le festival de street art Lourès Arte Publica a réussi à s’imposer, une belle victoire pour un quartier considéré comme un des plus dangereux du Portugal. Ou l’art comme moteur social.

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Coletivo Licuado (Uruguai), Lourès Arte Publica, Portugal, 2018 ©LAP

Des artistes urbains qui n’hésitent pas à payer le billet d’avion pour être présents, une liste artistique qui n’a pas à rougir, Lourès Arte Publica peut être fier de son évolution. Et pourtant, rien n’était gagné.

En effet, on ne vient pas naturellement à Lourès et son quartier Quinta do Mocho, banlieue nord de Lisbonne. Le paysage, parsemé d’immeubles bas, jaunes, n’a rien d’extraordinaire. Ces derniers temps, les commerces se faisaient rares, les bidonvilles situés juste en face gagnaient du terrain et, pauvreté oblige, son lot de problèmes sociaux déferlait, inévitable.

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Noé, Lourès Arte Publica, Portugal, 2015 ©Streep

L’art urbain comme moteur d’un changement social

Il fallait agir, faire tourner le vent. En octobre 2014, la municipalité de Lourès décide de créer le festival O bairro I o Mundo (Le quartier et le monde) : c’est la naissance de vingt premiers murs et l’envie de continuer. Juin 2016, plusieurs artistes de pays différents viennent travailler sur les murs des bâtiments : le festival Lourès Public Art est né et avec lui, le début d’un renouveau.

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Hopare, Lourès Arte Publica, Portugal, 2018  ©LAP

L’artiste Hopare réalise un mur incroyable, suivront le portugais Pantonio, les parisiens Stew et Astro, la mexicaine Eva Bracamontes, la toulousaine Vinie, l’espagnol Weren etc…

«Ce projet a changé la perception de notre banlieue, considérée comme l’une des plus dangereuses au Portugal. Nous sommes maintenant un musée à ciel ouvert. Le street art a joué un rôle majeur, il a permis d’attirer des gens de l’extérieur et d’apporter une nouvelle énergie au quartier.» raconte Rui Monteiro, responsable du festival.

Des nouveaux emplois ont pu être créés, comme ce résident, proposant des excursions guidées. «Je fais visiter notre quartier aux gens, je leur montre les nouveaux murs. Ça marche très bien, ils apprécient.» Évidemment tout ne change pas en un jour, mais les commerces reviennent petit à petit. «Nous proposons des cartes touristiques, des visites guidées. Cela n’existait pas avant.» rajoute Rui Monteiro.

En trois ans, le festival s’est considérablement agrandi, d’autres murs naissent autour de la municipalité. «Plus de 450 fresques ont été réalisées et nous ne comptons pas nous arrêter là.»

Un festival participatif, ici pas de cachet à la clef

Les artistes ne sont pas rémunérés mais logés et nourris. Il s’agit donc pour eux aussi d’un engagement, une autre façon d’appréhender son séjour.

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Huariu, Lourès Arte Publica, Portugal, 2018  ©LAP

«Nous sommes un peu comme une grande famille. Les artistes dorment au même endroit, nous mangeons tous ensemble, les gens de la municipalité sont amicaux, leur apportent de la nourriture, parfois les invitent même chez eux.» souligne Rui. «Cela crée une ambiance unique. D’ailleurs, tous souhaitent revenir l’année prochaine!»

On aime ce type de projet engagé, montrant l’impact direct et salvateur de l’art sur notre existence. Une façon aussi de le ramener à sa fonction première : le partage.  ◊

Lourès Arte Publica
Du 23 Juin à début Juillet 2018
Lisbonne, Portugal

www.cm-loures.pt

Photo de couverture, Nicolas Gicquel

2 comments on “Comment le street art a changé le quartier le plus dangereux du Portugal

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