La troisième édition Révélation Art Urbain a choisi l’artiste Vincent Glowinski alias Bonom, pour exposer au Palais de Tokyo en 2019 : concours fiable ou sempiternelle ritournelle ?

Il y a trois ans, l’ADAGP (Société des Auteurs Dans les Arts Graphiques et Plastiques, fondée en 1953 et chargée de la gestion des droits d’auteur) lançait un concours en partenariat avec le Palais de Tokyo pour mettre en avant un artiste urbain en devenir. On pouvait avoir peur d’un nouveau coup de projecteur inutile, en vogue actuellement dans le milieu de l’art urbain : les concours pullulent, à la fiabilité plus ou moins douteuse.

Ici, les conditions sont drastiques: résider ou travailler en Europe, être intervenu récemment dans l’espace public et avoir des œuvres encore visibles.
A la clef, une dotation de l’ADAGP de 5000 Euros (2 000 euros de rémunération et 3000 euros pour financer la production de l’intervention au Palais de Tokyo) ainsi qu’un portrait conçu par Arte.
Un tremplin artistique à saluer
«Nous avons reçu 116 candidatures de 12 nationalités différentes» se félicite Johanna Hagege, responsable de l’Action culturelle au sein de l’ADAGP. S’entend une pointe de déception dans le timbre de sa voix quant à la place aux femmes : «32 artistes féminines ont déposé leur candidature, il est vrai que nous aurions aimé plus encore.» Le chiffre est déjà joli dans un milieu encore conservateur.
Structures sérieuses, récompense alléchante et conditions délimitées : Révélation Art Urbain se place rapidement comme un concours réfléchi, volontaire.
Oui mais qui décide du gagnant ? Qui a cette responsabilité dont dépend la véritable fiabilité du concours ? Un jury composé essentiellement d’artistes : qu’en penser ?
Des artistes notent des artistes : ou la formation d’un jury qui interroge
Cette année, le peintre et dessinateur parisien Vincent Glowinski alias Bonom (Rappelez-vous ses fresques XXL à Bruxelles : article ici) a donc été sélectionné le 5 octobre dernier par un jury composé majoritairement d’artistes, renouvelable tous les deux ans.

Membres du jury :
- le plasticien Philippe Ramette
- l’architecte d’intérieur et designer Elizabeth Garouste,
- l’artiste Ernest Pignon Ernest
- le commissaire d’exposition et critique d’art Yoann Gourmel
- l’artiste et journaliste Nicolas Gzeley
- le peintre-illustrateur Paul Loubet, lauréat de la Révélation Art urbain 2017
- l’initiateur du Lasco Project au Palais de Tokyo Hugo Vitrani
Des artistes évaluant des artistes. Point pouvant porter à discussion : la nature humaine penche forcément toujours un peu plus pour ses amitiés. «Les membres du jury ont vraiment mis de côté leur affect afin de sélectionner un travail artistique de façon transparente, il y a eu beaucoup de discussion entre eux.» assure Johanna Hagege
On aurait toutefois tendance à penser qu’il est compliqué de ne pas aller naturellement vers ses sympathies. Johanna est formelle, le rôle des membres du jury est particulièrement délimité : «pour que l’artiste soit retenu, le jury doit le trouver à la fois créatif, singulier et pouvant apporter une exposition enrichissante au Palais de Tokyo.»
Quoiqu’il en soit, on se réjouit de cette future exposition mettant en lumière un artiste le méritant amplement. ◊
0 comments on “Exposer au Palais de Tokyo, ça vous dit ?”