Elle est arrivée l’exposition attendue, la première rétrospective de JR en France. Une façon de nous faire aimer l’hiver ?

Rappelons d’abord que l’artiste JR (né en 1983 en région parisienne) a lui-même agencé cette exposition, une carte blanche en collaboration étroite avec la Maison Européenne de la Photographie (MEP). Un détail qui n’en est pas un à l’heure où d’autres circulent sans l’accord de leur propriétaire.
Momentum, l’exposition rattrapage
Si vous ne connaissez rien à l’œuvre de JR, cette exposition est faite pour vous.
On y retrouve ses premières photographies réalisées en 2000 au moyen d’un appareil photo oublié dans le métro. Le sujet n’est pas nouveau, photographier des graffeurs en pleine action, mais cette façon de communiquer, beaucoup plus : JR affiche les clichés dans les rues et sur les toits parisiens créant ainsi une exposition sauvage baptisée «Expo 2 rue». On découvre sous vitre le fameux appareil photo ayant donné lieu à la suite de sa folle création : un peu ‘too much’ penseront certains.
JR, artiste communiquant
JR a toujours été un communicant artistique hors pair, sa force. Plus que ses sujets, la manière qu’il a de les diffuser le rend à part.
C’est le cas avec Women are heroes (2008), regards de femmes abîmés par la guerre, les conflits et collés taille XXL sur des wagons ou en 2014 sur les conteneurs d’un paquebot havrais.

Une maquette en mouvement s’impose dans une salle complète. L’installation mécanisée restitue le porte-conteneurs havrais et son collage géant, les yeux d’une kenyane photographiée en 2009 dans le bidonville de Kibera. Amusant par son côté interactif, intérêt autrement limité.
On retrouvera aussi son travail commencé en 2004 avec le réalisateur Ladj Ly à Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis), Portrait d’une génération : ou des formats XXL noir et blanc collés sur les murs, représentant les jeunes du quartier des Bosquets. Des photos qu’il collera également à paris, avec le nom et adresse de ses modèles.
En 2017, les deux hommes montent une fresque monumentale de plus de 150 m2 criant le délabrement de cette cité à travers les photographies de 750 habitants rejouant un instant de leur vie quotidienne. Rappelez-vous, on pouvait la découvrir en amont au Palais de Tokyo pour la modique somme de 12 euros, avant qu’elle s’installe définitivement aux Bosquets. Business is Business.
Au sein de la MEP, une salle complète lui est dédiée, joliment éclairée.
On aimera particulièrement la pièce montrant les difficultés rencontrées à développer des installations in situ aussi grandes : courriers, plans architecturaux, autorisations variées, se découvrent à côté des œuvres terminées. Enrichissant.
Les fans de l’artiste ne manqueront pas sa dernière fresque, une murale vidéo présentée pour la première fois en Europe. Portraits animés de 245 américains et leur avis sur le port d’armes. Une application pour smartphone (hélas peu évidente à charger) permet de s’immerger plus encore dans l’œuvre.
Victime de son succès
Attention, l’exposition marche bien, très bien même, star oblige. En atteste la longue file d’attente devant la MEP. Sauf si vous êtes de ceux qui ne craignent pas les longues positions statiques, choisir son jour de venue peut s’avérer judicieux.
Alors, on y va ou pas ?
Oui pour les inconditionnels de l’artiste qui seront heureux de découvrir quelques installations inédites autour de ses projets. Oui pour ceux qui ne le connaissent pas.
A noter, des projections sont organisées chaque week-end dès 15 heures à l’auditorium de la MEP : belle idée pour découvrir un peu plus le travail de JR et ses nombreuses collaborations. ◊
JR
Momentum La mécanique de l’épreuve
Jusqu’au 10 février
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy
Paris 4
Tarifs
Plein tarif : 10 € / Tarif réduit : 6 €
Abonnement annuel : 33 € / Tarif réduit : 27 € / Carte Duo : 52 €
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