Le Tribunal de Grande Instance de Paris a condamné le plasticien américain Jeff Koons pour avoir contrefait une publicité de la marque de prêt-à-porter Naf-Naf.
Sa porcelaine en date de 1988 et exposée au Centre Georges Pompidou en 2014 dans le cadre d’une rétrospective, montre une femme allongée dans la neige à côté d’un cochon. Œuvre très similaire au visuel «Fait d’hiver» de 1985, réalisée par le directeur de création dans la publicité Franck Davidovici et où une jeune femme est également étendue dans la neige, non loin du fameux cochon Naf Naf.
Les limites du pouvoir Jeff Koons ou l’avalanche de trop
L’artiste, sa société Jeff Koons LLC et le Centre Georges Pompidou ont été condamnés par le TGI de Paris à verser solidairement 135 000 euros de dommages et intérêts au publicitaire Franck Davidovici, concepteur du visuel «Fait d’hiver» pour Naf-Naf.
L’éditeur Flammarion a quant à lui été condamné à verser 2.000 euros de dommages et intérêts pour avoir commercialisé un livre reproduisant l’œuvre.
Il faut dire que les ressemblances sont troublantes entre le visuel créé en 1985 et l’œuvre de Jeff Koons réalisée trois ans plus tard. Même tonnelet de Saint-Bernard accroché au cou du cochon, même posture de la femme venant de subir une avalanche, même regarde perdu. Seule différence, dans la version de Jeff Koons, poésie oblige, la jeune fille se retrouve avec un t-shirt en bas résille sur ses énormes seins nus.

«C’est la même œuvre en trois dimensions, à laquelle Jeff Koons a ajouté des fleurs et deux pingouins pour évoquer le froid, ce qui vise à coller à l’œuvre d’origine. Le discours est strictement le même. Il parachève le plagiat en donnant à son œuvre le même titre que la publicité, ‘Fait d’hiver’.»relève l’avocat du publicitaire, Maître Jean Aittouares.
Jeff Koons, multi-récidiviste ou victime d’un droit rigide ?
Jeff Koons «ne nie pas s’être inspiré de la publicité « Fait d’hiver », bien au contraire car c’est le propre de sa démarche artistique.» explique son avocat à l’audience. Mais «c’est une œuvre autonome, entière, originale, (…) dont le message est radicalement différent de l’œuvre première, qui est de vendre des vêtements».
Autrement dit, l’artiste s’approprie sciemment des images venant de la publicité ou de magazines. Doit-on alors parler de plagiat dans un tel cas ?
En mars 2017, Jeff Koons LLC et le Centre Pompidou avaient déjà été condamnés par le TGI de Paris pour l’œuvre en porcelaine ‘Naked’, contrefaçon d’une photographie réalisée par Jean-François Bauret. Cette œuvre faisait partie de la même série que ‘Fait d’Hiver’, série dite Banality. La décision rendue ne surprend donc pas vraiment.

A noter aussi que l’artiste est connu de la justice, poursuivi trois fois pour plagiat, condamné deux fois.
On pourra toutefois s’interroger sur cette notion de droit de l’appropriation. La justice a-t-elle défendu la notion de plagiat ou tué la liberté d’expression artistique ? ◊
Jugement rendu le 8 novembre par le TGI de Paris
Fait d’hiver, Jeff Koons, 1988
Fait d’hiver, Publicité Naf Naf, 1985
Tellement naze cet artiste. Bien fait pour lui