Au feu les papiers !

Que ce soit le cas de Penelles, Fanzara, ou ici d’Olot, le street art a investi de nombreux villages espagnols pour le meilleur… et seulement pour le meilleur. Redynamisant des territoires isolés, le genre urbain a insufflé un regain d’intérêt pour ses petits bourgs injustement délaissés par les touristes. En faisant ainsi des bastions du graffiti n’ayant rien à envier aux sports mondialement réputés comme Berlin, Bercelone ou Paris. D’autant que les œuvres et fresques que l’on y déniche nous interpellent souvent bien plus par leur originalité et leur audace artistique.
Preuve en est avec l’installation d’un duo d’artistes peu connus, actuellement visible à Olot, en Catalogne.

Composé de l’architecte David Oliva (appartenant à l’agence SP25) et la plasticienne Anna Juncà, le tandem a tenu à rendre un hommage aux reliefs locaux, et notamment aux volcans qui pullulent dans la province de Gérone, en reproduisant une coulée de lave faite de plus de 10 000 origamis orangés.
Se déversant de la fenêtre d’un bâtiment abandonné, ce flux magmatique apparaît plus vrai que nature puisque mis en scène dans un jeu de fumées et de lumière. Des effets spéciaux visuellement époustouflants. Dans un subtil paradoxe artistique, Anna Juncà et David Oliva ont pris le parti de rallumer un feu perpétuel à l’aide de la matière la plus inflammable qui soit, à savoir le papier.
Des braises chimériques, illusion ironique d’un foyer qui ne s’éteindra pas de si tôt, et interrogent intelligemment notre perception de la réalité. Que voit-on d’ailleurs au-delà de cette masse rougeoyante déferlant dans la rue, amas de petites étincelles, qui assemblées entre elles, s’avèrent prêtes à mettre le feu aux poudres ? Car telle est la réflexion que suscite la vision de ce tapis incandescent.
On ne peut s’empêcher de déceler dans cette métaphore une concrétisation poétique de la situation politique de la région, dont les habitants ont vivement manifesté leur désir d’indépendance en septembre 2017.
D’ailleurs, le feu du séparatisme couve encore sous la cendre, semblent nous avertir les deux street artistes : gare au retour de flammes…◊
Clotilde Gaillard pour Streep
David Oliva et Anna Juncà
Espagne
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