A Tel-Aviv, l’école Bialik-Rogozin, modèle d’intégration, voit ses murs recouverts de fresques. Une collaboration édifiante entre écoliers israéliens et artistes français.

Bialik-Rogozin, située à Tel-Aviv, est aussi nommée l’école des réfugiés. Et pour cause, elle reçoit 1300 enfants originaires de 54 pays. Souvent immigrants sans-papiers issus de familles monoparentales, avec des histoires difficiles plein la tête. Ici l’enseignement est ouvert, perçu comme une chance, l’école se partage ensemble. Le taux de réussite : 90 %. A méditer.
Ce système d’apprentissage entre tolérance et écoute a encore une fois montré son ouverture d’esprit en décidant de recouvrir ses murs de fresques réalisées collectivement.

Un partage humain à travers l’art entre ces enfants venus du Darfour, du sud-Soudan, d’Erythrée ou accueillis comme migrants temporaires et cinq artistes urbains français.
L’art n’a pas de frontière
La transformation de l’école Bialik-Rogozin s’est réalisée à l’occasion de la saison France-Israël 2018 et d’un festival que l’on connaît bien : Mr Freeze.
Dans le cadre de son partenariat avec Neo Muralis, événement de coopération artistique international organisé par l’association The Next Movement*, l’exposition monumentale toulousaine a ainsi décidé en septembre 2018 de faire ses valises pour une toute première édition israélienne. Avec une volonté de performances, interventions croisées autour de l’art urbain.
Parmi les artistes français investis dans le projet de Bialik-Rogozin, on retrouve Tictone et Taroe, aujourd’hui fondateurs de l’association The Next Movement*, mais aussi le parisien Opéra à l’univers graphique coloré. Mondé et sa vision entre calligraphie, graffiti et abstraction s’est également joint à l’événement avec son acolyte Reso, figure reconnue de la scène graffiti.

«C’est une expérience unique. Nous réalisions les fresques d’habillage de la cour intérieure et du playground extérieur. Quand les élèves sortaient des classes, ils venaient nous voir, posaient des questions…on se retrouvait avec 80 gamins à nos côtés, hyper intéressés à ce que nous faisions !» se rappelle Taroe.
L’école primaire Bialik-Rogozin, modèle à part
Pour vivre, Bialik-Rogozin reçoit une aide de l’Etat et de la municipalité ainsi que des dons, nombreux. Chaque élève s’investit au sein de l’école par quelques heures consacrées à des travaux d’intérêts généraux. Une véritable deuxième maison, ouverte de 7 à 19 heures, contrairement aux autres, fermées l’après-midi.

Taroe ne manque pas d’éloges sur le Directeur de l’école, Elie Nechama. «C’est un personnage extraordinaire. Il connaît ses élèves par cœur et essaye vraiment de les aider. D’abord en leur donnant une éducation, mais aussi en leur trouvant des papiers, en les intégrant au mieux.»
L’artiste se rappelle aussi de sa surprise lorsqu’il a fait peindre les élèves sur une partie du mur. «Ils sont jeunes mais déjà très doués. Cela est dû à cette éducation tournée vers les arts, ouverte, que je trouve incroyable et bénéfique.»
Dans le quartier pauvre de Tel-Aviv se cache une pépite, un modèle d’avancée solidaire et constructive auquel l’art urbain a pris part, aidé par un mode de pensées sans barrière, valeurs synonymes. ◊
Ecole Bialik–Rogozin
Moledet St 4,
Tel Aviv-Yafo
Israël
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N.B : Un documentaire est consacré à cette école hors du commun: Strangers no more. Tourné par la chaîne HBO en 2010, il a remporté un oscar à Hollywood l’année suivante.
*L’association The Next Movement est créée en 2018 et fédère des manifestations, opérateurs culturels : Top To Bottom à Paris, les festivals Points de vue à Bayonne, Mr Freeze à Toulouse…
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