Avec son nouveau projet Colors of Liberty, le muraliste brésilien Kobra endosse le rôle de missionnaire d’un art lumineux et pacifiste.

Malgré son pseudonyme emprunté à un dangereux serpent, ce graffeur de talent est tout sauf belliqueux. Il serait même un fervent défenseur de la tolérance et un prêcheur de la non-violence, comme en témoigne son dernier travail d’ampleur. Alors qu’il peignait jusqu’alors la diversité de visages contemporains sur des façades gigantesques – l’une d’elle détenant même un record Guinness* –, l’artiste originaire de Sao Paulo s’est lancé dans une nouvelle série de fresques prônant l’amour universel.

Sans se départir de sa palette ultra-colorée et de ses esquisses hyper-réalistes, Kobra a en effet décidé que ce début d’année 2019 serait celui d’un art au service de la paix. Laissant courir ses bombes inoffensives sur les murs de New York, de Manhattan à Brooklyn, le street artiste brésilien rend hommage à plusieurs icônes positives tout en dénonçant, de façon solaire, des thèmes lourds de sens tels que la crise migratoire, les problèmes environnementaux, le racisme et l’armement.

Paix, spray et respect
Figures de la pop culture ainsi que des personnalités qui ont influencé l’Histoire de l’humanité ou de l’art, les modèles inspirants sont nombreux pour le muraliste.
De Mère Theresa à Gandhi, de la statue de la liberté à C3PO (personnage de la saga Star Wars) brandissant un panneau réclamant «Stop à la guerre», la naïveté des compositions le dispute à la sincérité touchante de l’hommage. L’oeuvre la plus marquante de ce projet Colors of Liberty reprend ainsi la structure du fameux mémorial à l’effigie des quatre présidents fondateurs des Etats-Unis, remplacés par Andy Warhol, Frida Kahlo, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat.

Kobra a ainsi souhaité rappeler que la création artistique pouvait faire évoluer la société et les mentalités autant que la politique tout en faisant moins de dégâts que les conquêtes.

«Faire allusion au mont Rushmore, c’est se souvenir des valeurs de ces quatre présidents américains, profondément attachés aux idéaux de liberté, de démocratie, d’égalité et de paix. En mettant à leur place quatre artistes pour lesquels j’ai une grande admiration, je leur prête leurs souvenirs, en leur rappelant les œuvres d’art qu’ils ont réalisées et qui ont tant fait réfléchir le monde», a d’ailleurs légendé Kobra sur son compte Instagram.

S’il n’existe pas plus dans la guerre que dans la paix, l’art conduit à une sérénité, un épanouissement de l’âme tout en dégageant une beauté solaire et un message bienveillant. ◊
Clotilde Gaillard pour Streep
* NDLR : Nous sommes tous un, est un mur de 3000 mètres carrés réalisé par Kobra sur un ancien entrepôt de la zone portuaire de la capitale. En Août 2016, le Livre Guinness officialise ce challenge. La fresque devient ainsi la plus grande du monde.
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