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Une expérience street art inédite arrive à Bordeaux !

Des œuvres originales confiées à 6 amateurs d’art urbain

Des œuvres originales confiées à 6 amateurs d’art urbain

A Bordeaux, une expérience totalement inédite commence dès le 14 novembre,
pour une durée de 6 mois. Elle s’appelle Courts-Circuits et vous allez forcément en
entendre parler : des amateurs d’art urbain deviennent ambassadeurs d’une œuvre
originale, prêtée à vie.

Devenir hôte d’une œuvre d’art originale prêtée à vie, c’est l’idée incroyable de Courts-Circuits, un projet mis en place par l’artiste bordelaise Rouge et organisé par la Fondation Desperados pour l’Art Urbain.

Rouge dans son atelier © Luka Merlet
Rouge dans son atelier © Luka Merlet

L’idée est née dans la tête de l’artiste bordelaise Rouge : « Je souhaitais produire une exposition itinérante. Sortir du contexte du mur blanc, de la galerie, inventer un autre rapport humain, une autre monnaie d’échange. La phrase de l’écrivain André Malraux (1901-1976) m’a inspirée le titre du projet : L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme ».

Court Circuits - Rouge - 2
Œuvre de Rouge, « Une chambre en ville », Courts-Circuits, Bordeaux © Antoine Chaput

Rouge rencontre Stéphane Carricondo, Directeur Artistique de la Fondation Desperados, le courant passe immédiatement. Pour lui, ce type de projet artistique est extrêmement réconfortant « d’abord parce qu’il est collaboratif, une valeur importante pour la Fondation, mais aussi parce qu’il pose la question du système artistique. Comment les artistes peuvent se positionner vis-à-vis du marché, comment faire évoluer les choses. Ils doivent être force de proposition, innover, trouver d’autres façons de communiquer. »

Seules conditions de participation à Courts-Circuits : les candidats doivent habiter la communauté urbaine bordelaise et accepter de promener la création au moins une fois par mois pendant 6 mois, dans l’espace public.

« Lors des balades, les ambassadeurs représentent l’œuvre et doivent communiquer autour d’elle. Mais nous les aidons, ils ne sont jamais seuls ! Nous avons même préparé un manuel spécialement pour eux » précise Rouge.

L'oeuvre de Madame dans son atelier_©Luka Merlet
L’oeuvre de Madame dans son atelier ©Luka Merlet

Pour ce projet évolutif et collaboratif sont sollicités : Madame, Manolo Mesa, Isaac Cordal, Matth Velvet, Rero et bien sûr, Rouge. Chaque artiste a ainsi travaillé sur une œuvre originale et transportable qui sera dévoilée le 14 novembre au Magnetic ArtLab de Bordeaux. Les ambassadeurs, sélectionnés lors d’un appel à candidatures bouclé le 31 octobre, repartiront à l’issue de cette soirée avec une œuvre « sous le bras ».

Isaac Cordal dans son atelier_© Luka Merlet
Isaac Cordal dans son atelier © Luka Merlet

« Il est très intéressant d’investir de façon aussi éphémère un lieu » précise Stéphane. « Si en début de soirée la galerie Magnetic ArtLab aura ses murs couverts d’œuvres artistiques, ils deviendront vides quelques heures plus tard. Ce n’est pas commun ! ».

Autre sujet très important du projet, la notion de prêt.

Si l’ambassadeur dispose totalement de son œuvre à compter du 14 novembre, et ce, à vie, on ne parle pas ici de donation mais de prêt.

manolo mesa
Manolo Mesa dans son atelier ©Luka Merlet

Comme le rappelle Rouge : « Nous voulons que l’œuvre ne puisse jamais avoir de valeur marchande, et éviter ainsi sa revente. Avec le contrat de prêt à usage, sa propriété est suspendue dans l’espace. » Selon l’article 1875 du code civil, il s’agit d’un « contrat par lequel l’une des parties livre une chose à l’autre pour s’en servir, et charge au preneur de la rendre après s’en être servi. » Si l’ambassadeur ne veut plus de l’œuvre, libre à lui de la rendre à l’artiste créateur. Sinon, il peut en disposer jusqu’à la fin de sa vie, et la notion juridique de prêt devient ainsi utopique, poétique.

Matth Velvet dans son atelier © Luka Merlet
Matth Velvet dans son atelier © Luka Merlet

« Le sentiment d’appartenance n’existe plus avec ce système de prêt. Le lien entre artiste et amateur d’art devient autre » se félicite Stéphane. « La Fondation nous permet de mettre en place ce type d’opération qui ne repose pas sur une valeur spéculative. »

Détail de l'oeuvre de Rero_©Luka Merlet
Détail de l’oeuvre de Rero ©Luka Merlet

Un projet à suivre de très près pour sa nouvelle façon d’appréhender l’art et ses relations humaines. Et surtout, selon nous, une façon saine de rappeler les élémentaires : une œuvre est avant tout la propriété d’un artiste, il lui appartient de ne pas se laisser envahir par un monopole néfaste tenu par quelques marchands de rêve. ◊

Marie Dufour pour Streep

 

Courts-Circuits, une expérience artistique et collaborative
Fondation Desperados pour l’Art Urbain
Fondation Desperados

Vernissage le 14 novembre au Magnetic ArtLab à partir de 18h30
1, Place Paul et Jean Paul Avisseau
33300 Bordeaux

Exposition itinérante et sauvage du 15 novembre 2019 au 14 mai 2020 dans l’espace public bordelais et son agglomération.

 

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