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« Sous le Street art, le Louvre », le livre qui bouscule l’art urbain

L’art urbain ne doit-il pas tout au Louvre ?

L’art urbain, plus précisément le street art, s’inspire souvent des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art, conservés au Louvre. Il les détourne, les sublime, les égratigne aussi, apportant un regard nouveau. Avec Sous le Street art, Le Louvre, l’historien de l’art Cyrille Gouyette s’interroge sur leurs filiations.

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Onze chapitres évoquent cette question passionnante autour des liens étroits entretenus par l’art urbain contemporain et les œuvres classiques.

Sous le street art, le Louvre, est un livre intelligemment illustré. Les chefs-d’œuvre côtoient en image les œuvres urbaines et le texte, ni trop long ni trop court, vient apporter un argument à cette ascendance.

Il y a ces artistes qui se servent de la rue pour déplacer une œuvre du musée et l’offrir aux yeux des passants. Un hommage aux grands maîtres comme sait le faire l’artiste Ernest Pignon-Ernest et ses collages dans les rues de Naples. C215 embrassera la même idée avec des pochoirs réinterprétant les toiles majeures du Caravage. On les croisera à Milan, Rome, Naples, La Valette, Messine…( chapitre 1, Un travail de mémoire )

Hommage pour certains, pédagogie pour d’autres, comme l’italien Andrea Ravo Mattoni souhaitant faire connaître au public ce patrimoine. De l’art pour tous, démocratisé. (Chapitre 10 Un souci de démocratisation)

D’autres artistes aiment surtout détourner une œuvre populaire. ( Chapitre 2, Un besoin de reconnaissance) Provocation, amusement, l’idée est avant tout de réfléchir au sacré. Combien de fois la Joconde de Léonard de Vinci a-t-elle ainsi fait l’objet de cet exercice de style ? L’art urbain n’y déroge pas, citons l’artiste parisien Jo Di Bona et sa Peanuts Mona née de collages colorés faisant la couverture du livre. Speedy Graphito la pixélise, pomme Appel dans la main, nous interrogeant ainsi sur le processus créatif et le statut d’une œuvre d’art ( The Addiction of Mona Lisa, Speedy Graphito, 2019 ).

Zevs l’accompagne d’un sac à main, copie en bronze d’un Vuitton. ( Mona Lisa with Handbag, Zevs, 2008 ) Le monogramme imprimé sur le sac, LDV, fait référence aux initiales de Léonard de Vinci. On sait que la marque s’en serait inspirée pour créer son propre monogramme. L’artiste urbain cherche ainsi à nous faire réagir sur un de ses thèmes de prédilection : le droit d’auteur, le droit de la propriété intellectuelle.

Miss. Tic, Le Cyclop, Invader, Blek le Rat, Okuda donnent aussi leur propre interprétation, l’effet est immédiat puisque l’œuvre est connue de tous.

Certains vont même plus loin, comme Nick Walker et Moona Lisa  de plein pied, soulevant sa robe pour nous montrer…ses fesses ! ( Moona Lisa, Nick Walker, 2019 ) On pense à la Vénus callipyge, la statue grecque soulevant son péplos pour regarder le bas de ses reins, parfaits. ( Chapitre 5, Une revendication politique)

L’historien Cyrille Gouyette avance des arguments de façon chapitrée. Il nous montre le lien tenu entre deux arts qui ne s’opposent pas mais se complètent et forment la grande histoire de l’art.

Chaque chapitre apporte son idée, développée à grand renfort d’illustrations. L’art urbain se rapproche de l’art classique pour s’affirmer, chapitre 6, ou pour le démocratiser, chapitre 10.

Le chapitre 4 s’intéresse particulièrement au personnage de Napoléon, empereur toujours très présent dans l’art. Jacques-Louis David et son Bonaparte Franchissant le Grand-Saint-Bernard ( 1802) sera ainsi repris par Tristan Eaton en 2014 sur un immeuble parisien puis par Banksy en 2018 dans les rues de notre capitale.

Cyrille Gouyette nous donne envie de retourner au Louvre et admirer des chefs-d’œuvre intemporels. Un livre, clair et synthétique, à offrir aux passionnés. ◊

M.D pour Streep

Sous le Street art, le Louvre
Cyrille Gouyette
25 euros
Éditions Alternatives

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