Molitor : d’abord une piscine, puis un hôtel de luxe mais aussi un musée de street art ! Voilà ce que montre ce nouveau livre aux textes signés du Studio H’artpon (Caroline Perreau et Catherine Mairet).

La superbe couverture cartonnée illustre, sur fond bleu, rose et jaune, les reflets d’une eau limpide. Une entrée en matière poétique et sans frontière, les ondes voluptueuses évoluant sans barrière.
On apprend beaucoup sur le passé de Molitor à travers les premières pages du livre aux photographies noir et blanc et les témoignages des artistes urbains Psy, Katre et Jace.
L’ouvrage commence avec un rappel historique de ce lieu mythique, chef-d’œuvre Art déco en forme de paquebot. L’architecte Lucien Pollet le crée en 1929 en bordure du 16 ème arrondissement. Les auteures Caroline Perreau et Catherine Mairet y évoquent son âge d’or jusqu’en 1989, moment où la ville de Paris doit se résigner à fermer la piscine, désertée.
Commence sa période underground jusqu’en 2009. S’y retrouvent tous les graffeurs du milieu, heureux d’une telle surface. Des fêtes incroyables sont données illégalement, imaginez : 13 000 mètres carrés offerts à la création humaine ! Et puis la renaissance à partir de 2014 avec ce lieu tel qu’il est actuellement : un concentré de beauté, de richesse aussi et…d’art urbain !

En effet plus de 70 cabines de la piscine intérieure sont offertes à des artistes urbains qui viennent petit à petit y poser leur style. Une façon de continuer à avancer avec un passé que l’endroit ne cherche absolument pas à renier, au contraire. Le luxe n’a jamais fui le street art.
Vibrations Artistiques permet de se questionner sur l’évolution de ce mouvement artistique de plus en plus étendu, contemporain et sans entrave, puisque Molitor possède en son sein un véritable musée urbain.
Trois témoignages bouclent cette partie historique dont celui de Psyckoze, adepte de l’underground, et dont les positions initiales sur le devenir de Molitor ont évolué. « Mon intervention dans la cabine du bassin d’hiver s’est inscrite dans cette démarche de témoignage et de réconciliation (…) ce n’est pas la nostalgie qui me motive, mais plutôt le désir de transmettre et de perpétuer la mémoire de ce lieu, que plusieurs générations de graffeurs ont vécu comme un espace de liberté poétique et hors du temps. Pour ne pas oublier l’histoire et les valeurs du graffiti. »
Certains apprécieront un peu moins le côté noir et blanc de ces pages historiques à la texture volontairement plus fine. Des couleurs auraient pu fonctionner aussi puisque le bâtiment a su se tourner vers l’avenir. Quoiqu’on en pense, les auteures, de par un travail rigoureux, amènent des connaissances précises sur l’évolution de la piscine.

Le livre propose une vision de chaque cabine réalisée par différents artistes urbains contemporains, classés par ordre alphabétique. Jolies photos, joli papier, plaisir des yeux et du toucher.

Plus de 68 cabines sont ainsi illustrées, chaque artiste présenté dans une biographie succincte mais efficace. Chaque œuvre est expliquée et détaillée, le numéro de cabine précisé en un médaillon, sorte de judas noir, comme c’est le cas sur place. En dernières pages, le lecteur trouvera un glossaire des termes spécifiques à cet art.
Vibrations artistiques apparaît comme objet d’art et ouvrage historique, provoquant une envie de redécouvrir ce lieu incroyable, aux changements de vie marqués.
Les cabines se visitent sur rendez-vous, guidé (8 euros) ou librement. ◊
MD pour Streep
Molitor
Vibrations Urbaines
Editions H’artpon
35 euros
Visite des cabines
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