Une décision qui va faire date. Depuis le 20 février 2020, les fresques des artistes urbains peuvent être considérées comme des œuvres à part entière. Si dégradation il y a, l’artiste peut toucher des dommages-intérêts !
Rappelez-vous : en 2018, Jerry Wolkoff le propriétaire du 5 Pointz, une ancienne usine de compteurs d’eau, est condamné à payer 6,7 millions de dollars pour avoir recouvert de peinture blanche les murs investis par de nombreux artistes urbains. Plus de 45 œuvres effacées et des artistes très en colère qui saisissent la justice et obtiennent gain de cause en février 2018, au nom du Visual Artist Right Act. Cette loi américaine de 1990 protège les artistes ayant vu leurs œuvres modifiées, dégradées.
La loi Visual Artists Rights Act (VARA) fait une différence entre les œuvres «autonomes» qu’elle ne protège pas et les réalisations in situ, comme ici. En l’espèce, M. Wolkoff n’a pas donné un préavis de quatre-vingt-dix jours aux artistes comme il aurait dû le faire s’il souhaitait stopper cet accord. Il est allé à l’encontre de cette loi et a été condamné à régler l’amende maximale : 6,7 M$.

Évidemment les protagonistes, père et fils Wolkoff, saisissent la cour d’appel.
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Deux ans plus tard, le jugement est confirmé par le juge de la Cour suprême de Brooklyn, Frederick Block, et rendu public.
Un artiste urbain peut désormais toucher des dommages-intérêts pour une œuvre de rue « d’envergure reconnue ». Décision de justice du 20 février 2020
Le juge reconnait l’art urbain comme un art public, bénéficiant d’une protection en vertu de la loi fédérale américaine. Si protection artistique il y a désormais pour ses œuvres réalisées dans la rue, cette jurisprudence ne vient-elle pas également limiter cet art, par essence éphémère ? Ce terme « envergure reconnue » peut donc aussi être un piège pour la liberté du mouvement.
Il semble cependant important de considérer cette pratique à part entière, ce que fait le juge par cette décision, attendue et nécessaire :
«Le célèbre artiste urbain Banksy est apparu aux côtés du président Barack Obama et du fondateur d’Apple Steve Jobs sur la liste du magazine Time des 100 personnes les plus influentes du monde.» rappelle t-il dans le dossier, soulignant le fait qu’il n’est plus possible de ne pas statuer sur cet art de rue.
Quant au 5 Pointz, « il attirait des milliers de visiteurs quotidiennement, d’autres artistes parfois célèbres, et bénéficiait d’une large couverture médiatique ». Un business intéressant pour le promoteur Jerry Wolkoff, ne pouvant décider seul et en une nuit de recouvrir un tel endroit.
Une loi américaine nécessaire pour protéger les artistes de protagonistes douteux et oh combien nombreux, mais une loi qui, on l’espère, ne se retournera pas contre cet art lui-même, le privant ainsi d’une certaine liberté. ◊
A suivre.
MD pour Streep
5 Pointz
Long Island City
New York
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