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Street art : il colle des diamants sur les murs des villes

1900 diamants ont déjà été collés par Le Diamantaire et l’artiste ne compte pas s’arrêter là.

Vous les avez déjà vus, ces petits bijoux qui habillent les murs de nos capitales depuis plus de 9 ans. Des miroirs trouvés dans les rues, recyclés sous forme de diamants. Rencontre avec le Diamantaire dans un Paris subitement déconfiné.

avant collage @diamantaire

Notre capitale se réveille enfin de sa léthargie imposée. Comment as-tu vécu cette période ?

« Mon site internet m’a permis de tenir financièrement mais toutes les installations artistiques que j’avais prévues ont du être reportées. Certaines pour le mois d’octobre, d’autres n’ont même plus de dates…c’est forcément inquiétant. Il n’y a pas grand-chose à faire à part attendre…

Tu as recommencé à coller dans les villes ?

Oui, même si je n’ai plus tout à fait l’énergie de mes débuts, je pose encore beaucoup. Je dirais une trentaine par mois. Avant, c’était plutôt 100, je voulais être vu, j’étais plein de fougue. C’est exaltant de se rendre compte que tu as réussi à coller un peu partout dans la ville. Tu te sens fort. A présent, j’essaye aussi de ne pas souler les gens, de ne pas les asphyxier avec mes diamants de rue.

Comment ça ?

Beaucoup de personnes commencent à être lassées du street art. Et c’est normal puisqu’il est totalement récupéré, voire de plus en plus inexistant. C’est devenu un business, une mode.

Même les galeries deviennent autres. Celles qui soutiennent vraiment notre travail se font rares. Majoritairement, elles demandent du rendement, encore et toujours. Je ne trouve pas cela intéressant. Finalement, beaucoup d’entre elles nous vendent leurs murs afin que nous exposions nos oeuvres. Je cherche autre chose.

J’aime le partage, le côté ludique, accessible et étonnant que l’on peut retrouver dans certains lieux. Comme cette superbe expérience que j’ai eu la chance de vivre à La Chapelle expiatoire (Paris 8). Je souhaite continuer en ce sens. (L’artiste y propose en 2018 une installation appelée « Des Structures », revisitant le monument néoclassique au moyen de 7 œuvres, subtils jeux de miroirs.)

 En quoi le travail d’une galerie peut être intéressante pour un artiste ?

en création @lediamantaire
En pleine réalisation @lediamantaire

Elle peut pallier le souci de la rue qui nous limite créativement. Si l’on souhaite proposer des pièces en volume, il est évident que la galerie sera plus appropriée que la rue et ses dangers. Je ne me voyais pas exposer mon Diamantoscope, sculpture à mi-chemin entre le kaléidoscope et la longue-vue d’observation, dans la rue. C’est un travail long que je ne veux pas voir vandaliser. J’aime le jeu des lumières que les galeries nous offrent. On peut prendre son temps pour créer un environnement particulier, pour proposer une autre facette de notre travail.

Comment te procures-tu ton matériel ?

Sur les ponts @Diamantaire
Sous les ponts @Lediamantaire

« C’est de la récup ! Je me déplace en vélo ou avec mon utilitaire et je récupère des miroirs mis aux encombrants. Je ne les achète jamais car je tiens à cette démarche de recyclage. Du miroir usagé naît un diamant. »

D’où te vient la précision de tes créations ?

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Avant de monter sur Paris en 2008 pour une formation en communication visuelle, j’ai suivi des études en métallerie et en chaudronnerie. J’ai commencé à poser mes diamants de rue en 2011, essentiellement dans le quartier où j’habitais à l’époque, le 18 ème arrondissement.

Je voulais un symbole fort, d’où le choix du diamant. Au début, je les numérotais, j’ai arrêté, trop fastidieux. Mais l’idée d’un énorme puzzle est toujours présent : je colle à droite à gauche pour créer une œuvre géante.

Tes œuvres sont généralement situées en hauteur. Pour éviter les vols ?

Oui, essentiellement. Ma plus haute œuvre se trouve Boulevard de la Villette dans le 19 ème arrondissement de Paris. Elle est à plus de six mètres de hauteur.

hauteur Diamantaire
@lediamantaire

Je suis monté sans protection, c’était un peu dangereux. Je colle mes œuvres au moyen d’une perche, sorte de tige avec une plateforme. Il faut être patient car cela met douze heures à sécher. Raison pour laquelle j’attends la fin de journée ou la nuit, que l’œuvre prenne. Cela m’évite aussi toutes les questions curieuses des passants.

N°174. Rue Richard Lenoir. 11e. @lediamantaire
Rue Richard Lenoir, Paris 11 @lediamantaire

Tu n’as pas la peur du policier ?

Non, cet art est de plus en plus toléré. C’est aussi dans l’intérêt des villes. Encore une fois, le street art est à la mode. Il n’y a qu’à voir le nombre de street art tours qui ont fleuri dernièrement. Et puis le mur blanc inquiète, nous sommes un pays de culture.  »

portrait par @marie monteiro
Portrait @Marie monteiro

Si notre monde ne s’enraye pas à nouveau, la prochaine installation du Diamantaire devrait faire parler ! Huit diamantoscopes de huit mètres de haut vont être exposés dans la ville espagnole de Madrid courant octobre.

Affaire à suivre. ◊

M.D pour Streep

www.lediamantaire-paris.fr

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