Les artistes Lek & Sowat continuent leur exploration urbaine avec une nouvelle exposition, Circonstances atténuantes.
On les avait laissés en Italie, à la Villa Médicis de Rome, hébergeant la très considérée Académie de France, symbole de la richesse culturelle de notre pays.
Sélectionnés par un jury intransigeant, les français Lek (né en 1971) et Sowat (né en 1978) deviennent en septembre 2015 et pour un an, pensionnaires au titre des arts visuels. Après une exposition en duo dans les Pouilles suivie d’une collective au sein de la Villa Médicis, Lek et Sowat investissent le Pavillon carré de Baudouin à Paris.
Fermé depuis le 21 janvier, le Pavillon a rouvert ses portes le 24 mars, proposant un cycle d’expositions gratuites consacrées à l’art urbain.
Autre environnement fertile à la création, l’endroit de 400 m2 leur donne la possibilité de continuer leur exploration urbaine, une recherche sur ce qui se passe ailleurs, dans des territoires méconnus, interdits, abandonnés par l’homme ou complexes d’accès.
Le lieu devient un atelier géant, expérimental et éphémère, que le visiteur peut explorer comme il le souhaite. Tout a été créé in situ, comme « Concours de circonstances », une salle du premier étage réalisée à l’aide de matériaux bruts et de peintures acryliques. D’abord, le volume attrape le corps et la vue. La salle très grande, est envahie de cimaises, récupérées dans les réserves du bâtiment. Des plaques de BA13 côtoient celles en métal.
Sous nos pieds, une bâche, comme dans tout chantier. On pourrait croire que les artistes sont encore en train de réaliser leur projet ! Il faut se rapprocher du centre de la pièce et regarder dans l’espace couvert, aux travers de petites fenêtres, pour découvrir leurs lignes graphiques.
Les recherches de Lek & Sowat sollicitent toujours le spectateur, il ne peut-être passif. On lui demande de s’approcher, d’accepter que tout ne soit pas lisse, on le place même dans un inconfort temporaire puisqu’il doit quitter ses chaussures ou les recouvrir de charmantes protections plastique bleu, s’il veut pénétrer au cœur de la pièce.
Autre salle du premier étage, appelée « Antichambre ». Là aussi, les chaussons bleus sont de mise. Les artistes ont reproduit la chambre réalisée pour le Drawing Hotel, rue de Richelieu, dans le 2ème arrondissement parisien. Les tons bleus du mur contrastent avec ces quelques lignes jaunes placées sur la tête de lit, grande toile aux abstractions noires et blanches. L’effet de profondeur est immédiat. La moquette finit de construire un espace confiné, feutré, entre graffiti et luxe. Une frontière peu commune !
Lek et Sowat récupèrent des matériaux dont la durée de vie semble plutôt réduite, ils mélangent les codes d’un art urbain libre, indépendant, à celui moins bien vu et pourtant essentiel du travail de commande. Ils donnent à voir autrement grâce à leurs vidéos, photographies ou installations et surtout, cassent les frontières que nous nous mettons, seuls, par nos préjugés.
On s’interrogera sur le titre donné à l’exposition : Circonstances atténuantes. En droit, une circonstance atténuante permet au juge d’abaisser la peine de l’infraction encourue.
Envers qui ou quoi les artistes souhaitent-ils voir alléger la peine ? Envers eux-mêmes ? Envers cet art qui n’est pas encore accepté par tous ?
A méditer.
Circonstances atténuantes
Sous le commissariat de Elise Herszkowicz, directrice de l’association Art Azoï.
Jusqu’au 22 Juillet 2017
Pavillon carré de Baudouin
121 rue de Ménilmontant
75020 Paris
Entrée libre
Visites guidées gratuites : samedi 15h
http://www.carredebaudouin.fr
0 comments on “Lek & Sowat investissent les 400 m2 du Pavillon Carré de Baudoin (Paris 20 ème)”