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Hyuro ou l’art de peindre les travers de notre société

L'artiste argentine engagée

La street artiste argentine crée des portraits majoritairement sans visage de notre monde, et pourtant criant d’humanité

Hyuro 3 Patriarcado Vila-Real, Spain 2018.
Hyuro, Patriarcado, Vila-Real, Espagne, 2018 ©Hyuro

Malgré une notoriété de plus en plus accrue, Tamara Djurovic AKA Hyuro se montre discrète et modeste. Contactée par Streep, la jeune femme n’a pas souhaité se confier, n’accordant aucune interview. Qu’à cela ne tienne, ses fresques monumentales parlent pour elle. Ses fresques, disséminées à travers le globe, de l’Espagne au Brésil en passant par les Pays-Bas,  personnifient les maux de notre civilisation.

Hyuro Education Sagunto, Spain 2018
Hyuro, Education Sagunto, Espagne, 2018 ©Hyuro

Compositions oniriques et messages politiques

Tel un Balzac contemporain, croquant en son temps de sa plume acerbe les caractères viciés de ses semblables dans La Comédie Humaine, Hyuro s’engage par ses oeuvres.

L’artiste use de son pinceau pour faire passer des messages politiques sous des compositions oniriques. Rien n’est martelé, tout est suggéré, mais il suffit de prendre connaissance des titres de ses œuvres pour en saisir la portée.

Et interpréter ce style intime, à la sensibilité surréaliste s’inspirant des préraphaélites, comme plus profond qu’il n’y paraît.

Hyuro 2 Heerlen, Netherlands 2018 crédit timjentsch
Hyuro, Heerlen, Pays-Bas, 2018 ©Timjentsch

Il faut dire que si les couleurs sont douces, quasi-pastels, et les lignes enrobées de réalisme, il s’en dégage un trouble, voire un embarras, indéniable. Pour cause : les êtres représentés sont des allégories plus ou moins compliquées à solutionner comme l’éducation, l’immigration ou encore la diversité sociale. Et celles-ci s’avèrent généralement dépourvues de traits, quand elles ne sont pas carrément sans tête. Tout un paradoxe, cette déshumanisation permettant de titiller les consciences sur des problématiques purement humaines !

Le sort des femmes en toile de fond

Avec délicatesse et honnêteté, Hyuro nous confronte aux sujets cruciaux de notre siècle. Notamment celle qui lui tient le plus à cœur : la cause féminine.

Hyuro 7 L’Árzdora- Cotignola, Italy 2018.
Hyuro, L’Árzdora, Cotignola, Italie, 2018 ©Hyuro

L’émancipation des mères et épouses au foyer avec L’Arzdora, l’avortement avec O que fica et sa candide robe de petite fille dont les plis sont alourdis, chargés de sens, ou bien le patriarcat et son austère costume de clerc, épais, monolithique.

Hyuro 1 O que fica ( What Remains )- Belo Horizonte, Brasil 2018 crédit area.de.servicio
Hyuro, O que fica, Belo Horizonte, Brésil, 2018 ©area de servicio

Dérangeant, séduisant, mais toujours percutant et efficace, l’univers de Hyuro se calque aux environnements architecturaux qu’elle investit, tout en faisant jaillir une incongruité bénéfique. Une anomalie ou une «âme-élioration» qui vient bousculer nos idées préconçues ?

En tout cas, une claque esthétique et empathique aussi indélébile qu’une caresse. ◊

Clotilde Gaillard pour Streep

Site de l’artiste Hyuro

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